DESCRIPTION DE L’EXPÉRIENCE PILOTE DANS LES PYRÉNÉES ORIENTALES

LOCALISATION DE LA PARCELLE EXPERIMENTALE

• Situation commune: GLORIANES
• Petite région: Hautes ASPRES-CONFLENT
• Département: PYRENEES-ORIENTALES
• Pays: FRANCE.
• Coordonnées GPS: 42°33’N ; 2°33’E.
• Altitude: 1 250m.
• Orientation et pente: situation en haut de flanc, pente modérée, orientation Nord-est.
• Statut foncier: propriété du GAEC DELS SERRATS.

FORMES DE PROTECTION

Forme de protection : ZNIEFF1 ‘’Massif des ASPRES’’ – Id national : 910010874 – Id régional : 66140000 (100% de l’EP).

Risques naturels : ce territoire est fortement soumis à l’aléa incendie. Cette exploitation est engagée en contrat agro-environnemental MAEC DFCI2. L’objectif de ce contrat est d’entretenir une coupure de combustible (pare-feu) en crête du territoire de l’exploitation (SERRAT DEL GINEBRE). Dans le cadre de ce contrat, la partie non mécanisable de la zone de coupure doit être entretenue par brûlage dirigé et pâturage raisonné, afin de maintenir sa continuité. Cette coupure est desservie par la piste de l’exploitation accessible aux CCF 2 0003 et VLTT4.

L’EXPLOITATION AGRICOLE

L’exploitation agricole du GAEC DELS SERRATS, dispose d’un territoire de près de 330ha situé sur les communes de BAILLESTAVY et GLORIANES (66). Territoire de moyenne montagne, elle se situe dans le piémont du massif du CANIGOU. Son altitude est comprise entre 570 et 1350m. La maîtrise foncière est assurée par des terrains en propriété (majoritaires), fermages et location de communaux.

Ce territoire est composé en totalité de parcours : 30% de bois pâturés (chênes verts et pubescents, hêtres) et 70% de landes (landes à sarothamnes et fougères, bruyères callunes).

Il s’agit d’une exploitation pastorale en semi plein-air, comprenant un troupeau bovin allaitant (~50 à 60 UGB de race Aubrac) et ovin viande (~30 UGB de race Blanche du Massif Central). Ces éleveurs sont engagés, pour la valorisation de leur viande, dans des marques locales de qualité commercialisées par la coopérative locale (‘’El Xaï’’, ‘’Rosée des Pyrénées’’).

L’exploitation est équipée d’une stabulation bovine semi-ouverte avec cornadis pour l’alimentation et la contention du bétail et d’une bergerie bois (principalement utilisée pour les mises-bas), de tracteurs et de gyrobroyeurs pour l’entretien du territoire.

L’exploitation n’utilise pas d’estive collective et gère son territoire en grands parcs clôturés (clôtures électriques actives), par pâturage en rotation au fil des saisons. Son entretien est réalisé par gyrobroyages, brûlages dirigés et pâturage raisonné. Il n’y a pas d’autoproduction de fourrages ni de céréales.

L’enjeu de cette exploitation est d’optimiser le potentiel et l’utilisation de la ressource pastorale.

Les éleveurs Jean Claude COULET et Birgit POHLE sont investis dans de mandats professionnels (notamment administrateur de la Société d’Elevage des PO, responsable professionnel de la DFCI et de la Cellule de Brûlage Dirigé 66).

DESCRIPTION DE LA PARCELLE PILOTE

La parcelle expérimentale à été sélectionnée au sein du territoire du GAEC DELS SERRATS pour accueillir l’expérience pilote du projet SUDOE OPEN2PRESERVE.

Cette parcelle pilote est d’une superficie d’un peu plus de 7 hectares, incluse dans une lande homogène de 13ha. Elle est représentative de l’ensemble de l’exploitation en termes de végétation et de sol.

Sa localisation a été choisie en raison de son appartenance au programme de brûlages dirigés validés par la Commission Départementale de BD de 20175, sa facilité d’accès (en bordure de piste) et la proximité d’une clôture (pour la mise en défends de la parcelle témoin).

CLIMAT

GLORIANES possède un climat méditerranéen chaud avec été sec (Csa) selon la classification de KÖPPEN-GEIGER. Sur l’année, la température moyenne à GLORIANES est de 15.5°C et les précipitations sont en moyenne de 540.3 mm. Le mois le plus chaud est le mois de Juillet et le plus froid Janvier.

VEGETATION

Le territoire du GAEC DELS SERRATS se situe sur la crête et les flancs Est et Ouest du SERRAT DEL GINEBRE, ainsi qu’en face nord du Pic Sainte ANNE. Sur les différents coteaux, nous retrouvons le même type de végétation, seules les proportions et leurs développements varient.

Les zones basses et les ravins sont principalement composées de bois de chênes verts (Quercus ilex) et pubescents (Quercus pubescens), de hêtres (Fagus sylvatica).

Les zones médianes sont des landes de type ‘’Lande à Sarothamne et Fougère aigle – INT.L4’’ et ‘’Lande à Callune-INT.L1’’ selon le manuel pastoral. La végétation se caractérise par une présence importante de genêts à balais ou sarothamne (Cytisus scoparius), de ronciers (Rubus fructicosus), d’églantiers (Rosa canina), de pruneliers (Prunus spinosa) et de fougères aigle (Pteridieum aquilinum), parsemés de quelques feuillus.

Remarque : les zones entretenues par gyrobroyages et brûlages dirigés sont colonisées par intermittence par le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens), espèce précurseur et invasive.

Les zones hautes sont constituées de landes à bruyères callunes (Calluna vulgaris), et de bonnes pelouses montagnardes (principalement en crête).

La parcelle expérimentale se caractérise par une lande discontinue de genêts de densité et de hauteur moyenne, et de Callunes, piquetés d’églantiers et d’arbres épars. La strate herbacée est une bonne pelouse de montagne.

GEOLOGIE ET SOLS

 Le massif est caractérisé par la présence de roches cristallines de l’ère primaire issues de la surrection des PYRENEES. Il s’agit principalement de schistes qui forment des paysages aux pentes raides creusées de vallées taillées en V et couvertes d’un maquis dense et de boisements. Leurs couleurs sombres, parfois teintées de rouille ou de vert, marquent fortement les paysages. Le substrat de ce site est particulièrement acide.

Par ailleurs, nous pouvons noter la présence de sources et de points d’eau naturels sur l’ensemble de l’exploitation.

USAGE DU BRULAGE DIRIGE DANS LES PYRENNES ORIENTALES

 Le feu a de tout temps été utilisé par les éleveurs pyrénéens.

 Cette pratique couramment appelée ‘’écobuage’’ concerne la destruction partielle de végétaux sur pied, en conditions hivernales. Elle a pour but de :

• contrôler la végétation envahissante et les refus des animaux, pour les zones non mécanisables,
• rouvrir des espaces fortement ou partiellement embroussaillés.

Globalement, l’écobuage participe au maintien des espaces ouverts là où les animaux ne suffisent plus. Si l’objectif recherché est souvent l’amélioration de la végétation à des fins pastorales, le feu peut aussi avoir d’autres effets : comme la défense des forêts contre les incendies (en créant ou entretenant des zones d’appui pour les services de lutte lors des incendies estivaux), ou le maintien de la biodiversité… Cette technique se pratique dans presque tous les espaces pastoraux du département et de la chaine pyrénéenne. Elle n’est cependant pas utilisée sur les secteurs comportant un risque élevé.

L’usage du feu et plus particulièrement le brûlage des végétaux sur pieds est réglementé par le code forestier. Dans les Pyrénées-Orientales, l’usage du feu est soumis à l’arrêté préfectoral permanent du 28 aout 2013 (en cours de révision). Il peut être interdit dans le cadre d’arrêtés temporaires.

Ainsi, dans le département les brûlages dirigés/écobuages de plus de 1ha sont soumis à autorisation de la Commission Départementale de Brûlage Dirigé. Cette commission de concertation est pluridisciplinaire (elle comprend : les collectivités, les services de lutte, les représentants des éleveurs, les chasseurs, les forestiers, les gestionnaires d’espaces naturels, les environnementalistes…). Elle reste placée sous l’égide du service instructeur de la préfecture (la Direction Départementale des Territoires et de la Mer 66). Son rôle est d’approuver ou non les projets de brûlage, de les assortir d’éventuelles prescriptions supplémentaires, de réduire la surface ou le volume du projet, si cela est justifié et de permettre une organisation concertée des chantiers. Les projets peuvent être ainsi autorisés pour une durée maximale de 5 ans.

Depuis près de 30 ans, la Cellule de Brûlage Dirigé 66 de la Société d’Elevage des PO, opérateur, a traité près de 26 000ha par brûlages, à la demande des éleveurs (soit 25% des espaces pastoraux du département).

Chaque année, environ un millier d’hectares de parcours sont entretenus par brûlage dans le département.

La Cellule fait appel à des professionnels du feu. Les chantiers sous sa responsabilité sont encadrés par des chefs de chantier brevetés par l’école d’application de la sécurité civile. Il s’agit le plus souvent de cadres du Service Départemental d’Incendie et de Secours 66, ou de la Sécurité Civile (dans le cadre de leur formation militaire).

L’objectif est d’ouvrir le milieu de manière discontinue afin de faciliter l’accès des animaux au pâturage et d’améliorer la ressource, tout en créant un maillage favorable à la faune sauvage et à la biodiversité.

Cela implique de le réaliser selon des conditions météorologiques optimales. En effet, le brûlage par taches devra s’effectuer lorsque la végétation sera suffisamment sèche pour être combustible ; pendant la période hivernale, lorsque la végétation n’est pas en sève ; et avec un léger vent de NW, car la végétation est discontinue. Le sol devra aussi être dans de bonnes conditions (humide ou gelé) pour ne pas stériliser le sol et compromettre ainsi la repousse de l’herbe.

UNE PROBLEMATIQUE ENVIRONNEMENTALE ASSOCIEES A L’EP.

L’exploitation a été créée par Jean Claude COULET en 1995, qui a réalisé un important travail de reconquête pastorale. De nombreux brulages d’ouverture et d’entretien ont été effectués sur ce territoire.

Ces brûlages sont à vocation pastorale et DFCI pour certaines parcelles de coupure de combustible.

Même si l’éleveur est un des rares éleveurs à être autorisé à brûler des parcelles supérieures à 1ha6 sans faire appel à la Cellule de Brûlage Dirigé 66, il est fort probable que la parcelle expérimentale fasse l’objet d’une prestation de brûlage de la CBD66.

Le précédent brûlage de la parcelle expérimentale a été réalisé en mars 2009 par la CBD66.

RECENSEMENT DES ANIMAUX PATURANT LA ZONE

La parcelle expérimentale est pâturée durant la saison estivale (fin de printemps – début automne, en fonction de la ressource), par le troupeau ovin et bovin (1 UGB ?).

MULTI USAGE ET FREQUENTATION

Emblématiques, les massifs des ASPRES et du CANIGOU sont très fréquentés par de nombreux promeneurs et randonneurs. Les activités traditionnelles de loisirs sont la chasse, la cueillette, la pêche. Depuis, d’autres activités touristiques de pleine nature se sont développées : randonnée pédestre et VTT, escalade, spéléologie, randonnée à raquette l’hiver… Cette fréquentation peut constituer un facteur négatif en termes de d’environnement et de pastoralisme : elle peut nuire aux activités d’élevage, créer de nombreux dérangements sur la faune sauvage et développer le risque incendie. Par exemple, les nombreuses attaques de chiens divagants subit par le troupeau ovin provoquent des pertes économiques (mortalités, mutilations, avortements…), et induites (stress important, désorganisation des girades de pâturage, baisse de la reproduction…).

La fréquentation touristique dont l’expansion s’accentue, est un enjeu à intégrer dans la gestion du territoire. Ainsi, associations de randonneurs, chasseurs ou apiculteurs…sont souvent consultés lors de l’élaboration du projet de brûlage.

Le territoire de cette exploitation est accessible à partir de la route départementale D13, puis pas la piste de l’exploitation. Le site est traversé par des chemins de randonnées. Sur cette exploitation, il n’y a qu’une fréquentation modérée à l’abord de la parcelle expérimentale.